En République centrafricaine, le Forum national de Bangui de 2015 s’est conclu par l’adoption d’un plan national de réconciliation. Photo : Photo ONU/Catianne Tijerina

Faire progresser la volonté d’assurer la paix

Les femmes ont traditionnellement été reléguées aux marges des processus de paix, mais cette exclusion de longue date commence à changer. Depuis la création d’ONU Femmes, le pourcentage de femmes dans les équipes de médiation, aux tables des négociations de paix et bénéficiaires de fonds d’indemnisation et de consolidation de la paix est en hausse.

Parmi les accords de paix signés en 2010, seulement 22 pour cent comprenaient des engagements explicites à respecter les droits, à encourager la participation et à assurer la protection des femmes. Ces dernières années, cette proportion a augmenté, représentant aujourd’hui 50 pour cent de l’ensemble des accords de paix, et atteignant des niveaux largement supérieurs lorsque les Nations Unies sont impliquées.

Un nombre croissant de pays disposent de plans d’action nationaux qui présentent une description détaillée et précise de la manière d’intégrer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes à tous les stades du processus d’instauration de la paix, de la sécurité et de la justice. Les tribunaux et les commissions d’enquête aux niveaux national et international accordent plus d’attention aux crimes sexistes. ONU Femmes a joué un rôle central dans toutes ces avancées.

In Burundi, Rose Nyandwi is one of 500 mediators in the UN Womensupported Network for Peace and Dialogue. By their own count, the women have addressed over 5,000 local conflicts last year.

Au Burundi, Mme Rose Nyandwi fait partie des 500 médiatrices du Réseau de femmes pour la paix et le dialogue soutenu par ONU Femmes. Selon elles, le réseau est intervenu dans plus de 5.000 conflits locaux l’an dernier. Photo : ONU Femmes/Bruno Gumyubumwe

Médiation dans le cadre des conflits locaux

La guerre civile qui a déchiré le Burundi de 1993 à 2005 a fait 300 000 morts. Les affrontements qui ont éclaté en 2015 ont poussé plus de 230 000 personnes à fuir le pays. Malgré les difficultés, les femmes n’ont pas abandonné leurs communautés — ni leur pays d’ailleurs.

ONU Femmes a rempli des fonctions de secrétariat dans le cadre de l’Étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité 1325. L’étude a orienté la conduite de l’examen de haut niveau du Conseil de sécurité, dans le cadre duquel un nombre record de

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interventions ont été menées, et la résolution 2242 a été adoptée

 

 

 

 

18

pays supplémentaires ont adopté des plans d’action nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité

 

 

 

 

67

pour cent de l’ensemble des plans d’action nationaux disposent d’indicateurs pour

In Mali, Un Women supported women religious leaders and secular advocates in their quest for peace and gender equality.
Au Mali, ONU Femmes a soutenu des femmes leaders religieuses et des activistes dans leur lutte pour la paix et l’égalité des sexes. Photo : Plateforme des femmes leaders/Mama Koite

Mobilisation des leaders religieux

Les négociations de paix prolongées ont abouti à un accord de paix au Mali en 2015, mais les dirigeantes maliennes savaient que certaines divisions profondes subsistaient encore dans leurs communautés. Lors de sessions organisées par ONU Femmes en vue d’analyser le degré de sensibilité aux questions de genre dudit accord, elles ont décidé de descendre dans les rues — dans le cadre d’une marche pour la paix. Des milliers de femmes se sont jointes à elles brandissant des bannières proclamant le ralliement solidaire des femmes au processus de paix et à l’unification du pays. L’événement avait été lancé à l’initiative des femmes leaders religieuses.

J’aimerais particulièrement souligner le travail d’ONU Femmes en Colombie en faveur de la participation des femmes (…) aux processus de paix dans notre pays. »

Déclaration de la Colombie, Session annuelle du Conseil d’administration d’ONU Femmes 2015, 30 juin 2015

Commémoration du 15e anniversaire d’une résolution historique

En 2015, le Conseil de sécurité des Nations Unies a marqué le 15e anniversaire de sa résolution historique 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité en procédant à un examen de haut niveau. Le processus a débouché sur l’adoption à l’unanimité de la résolution 2242, qui souligne l’importance cruciale de la promotion des femmes, de la paix et de la sécurité, y compris la résolution des difficultés mondiales actuelles, comme l’extrémisme violent. La résolution définit également une nouvelle cible ambitieuse visant à doubler le nombre de femmes dans les processus de maintien de la paix au cours des cinq prochaines années. Pour orienter l’examen, ONU Femmes a soutenu une étude mondiale indépendante sur la mise en œuvre de la résolution 1325 commanditée par le Secrétaire général des Nations Unies et menée par Mme Radhika Coomaraswamy, ancienne Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés. Cette étude présente un recueil inestimable d’exemples probants tout en attirant l’attention à l’échelle mondiale sur les principales lacunes qui affectent la mise en œuvre. Coprésidé par le Canada, le Chili, l’Irlande, le Japon et la Namibie, le Groupe d’amis de l’étude mondiale sur la résolution 1325 a donné des conseils relatifs à la mise en œuvre et en a assuré le soutien.

A displaced Yazidi woman washes clothes in a bucket while a boy drinks water from a plastic container at a water point in the Bajid Kandala camp in Iraq, near the border with the Syrian Arab Republic. Photo: UNICEF/Khuzaie
Photo : UNICEF/Khuzaie

La lutte contre l’extrémisme violent

La résolution du Conseil de sécurité 2242 demandait aux principales instances de lutte contre le terrorisme d’intégrer les questions de genre dans l’ensemble de leurs activités, avec le soutien de financements adéquats. L’Équipe spéciale de la lutte contre le terrorisme de l’ONU, soutenue par ONU Femmes, met actuellement au point un outil spécialisé permettant de mener un suivi des fonds disponibles. L’objectif consiste à s’assurer que, d’ici 2020, au moins 15 pour cent de ces fonds seront consacrés à des projets qui portent principalement sur les besoins des femmes et leur autonomisation.

Maruti Joshi

Photo gracieuseté de Maruti Joshi

SDG 5: Gender equalitySDG 16: Peace, justice and strong institutions Maruti Joshi est une femme de 43 ans originaire de Jaipur en Inde. Elle a été policière pendant 18 ans et a servi dans les forces de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan du Sud. Actuellement, Mme Joshi travaille avec ONU Femmes pour former des femmes Casque bleu pour résoudre les problèmes de violence sexuelle et basée sur le genre dans les situations de conflit. Son travail est lié aux Objectifs de développement durable (ODD), dont l’ODD n° 5, qui prévoit l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, et l’ODD n° 16, qui vise à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à toutes et tous et à développer des institutions efficaces, responsables et ouvertes à toutes et tous, à tous les niveaux.

Maruti Joshi: « Les femmes jouent un rôle extrêmement important dans les situations de conflit, en particulier parce que ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus touchés. »

« Quand je suis entrée dans les forces de police indiennes en 1997, j’étais la première et unique femme policière parmi 35 hommes policiers. À l’époque, j’accomplissais un travail de routine. En 2011, j’ai eu la possibilité de participer à une nouvelle mission des Nations Unies au Soudan du Sud. Je suis allée à Juba pendant un an. En tant que membres de la police affectés aux opérations de maintien de la paix, nous étions chargés d’encadrer et de former la police sur place pour traiter les cas de violence. Mon unité s’occupait des femmes et des enfants ainsi que d’autres personnes vulnérables affectées par la violence. Nous étions confrontés à beaucoup de difficultés, car la résolution du conflit dans le pays était en cours. Je devais conduire seule et, parfois, très tard dans la nuit. On ne se sent pas en sécurité parce qu’on n’est pas armé — tout peut arriver.

Malgré ces difficultés, j’ai apprécié mon expérience à Juba, car il s’est produit une chose extraordinaire. À mon arrivée à la mission, il y avait quelques femmes Casques bleus, et nous avons créé un réseau exclusivement réservé aux femmes afin de partager nos expériences. Il est très difficile pour les membres des forces de maintien de la paix de quitter leurs familles. Ce ne sont pas seulement elles qui ont besoin de nous : ce sont aussi les autres femmes, pour lesquelles nous servons d’exemples. Les femmes jouent un rôle extrêmement important dans les situations de conflit, en particulier parce que ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus touchés. Par le biais du réseau et de mon unité, nous avons également servi d’intermédiaires entre les femmes policières locales et leurs autorités, car certaines de ces femmes faisaient face à des difficultés et n’étaient pas toujours en sécurité.

Aujourd’hui, j’ai une fille d’un an, et j’ai donc choisi d’être affectée dans un bureau. J’occupe actuellement un poste de surintendante de police à Jaipur. J’anime également des ateliers sur l’intégration et la budgétisation des questions liées au genre. J’ai travaillé avec ONU Femmes dans le cadre d’un programme de formation initiale s’adressant aux femmes militaires destinées à être déployées dans des missions de maintien de la paix. Lorsque je suis partie en mission, je n’avais pas bénéficié d’une formation de pré-déploiement spécifique aux questions liées au genre. Nous formons [à présent] ces femmes militaires avant leur départ au traitement de la violence à l’égard des femmes dans des situations de conflit. C’est quelque chose qui me tient à cœur — une passion ! »