En Europe de l’Est, les femmes rom sont virtuellement exclues de la représentation dans la vie publique et leur implication dans la prise de décisions reste inférieure aux moyennes internationales. Photo : UN Programme ‘Women in Politics’/Ramin Mazur

Ouvrir la voie à la parité sur la scène politique

En tant que cheffes d’État et directrices générales d’entreprises, parlementaires, fonctionnaires et responsables d’organisations de la société civile, les femmes ont accédé à des postes de direction de haut niveau dans le monde entier, changeant ainsi les mécanismes de prise de décisions. Toutefois, l'équilibre entre les sexes dans les postes de direction demeure une question complexe : seulement 1 parlementaire sur 5 dans le monde est une femme.

ONU Femmes défend ardemment la réalisation de la parité d’ici 2030 à tous les niveaux de la vie politique, économique et publique et conformément aux engagements affirmés dans les ODD. Nous faisons de l’égalité une réalité à l’échelle mondiale en soutenant les constitutions, les lois et les politiques qui garantissent aux femmes des possibilités de diriger, notamment par le biais de mesures temporaires spéciales. Nous aidons les parties prenantes nationales à gérer l’organisation d’élections intégrant la notion de sexospécifité, qu’il s’agisse de garantir l’accès de toutes les femmes aux urnes ou de protéger les candidates contre la violence électorale. Par l’acquisition de nouvelles compétences en leadership, les femmes qui siègent aux parlements ou mènent des activités dans la société civile ou ailleurs possèdent les compétences nécessaires pour assurer une promotion hautement efficace du changement.

A first in Moldova: Laura Bosnea is one of two Roma women to be elected as local councillor in the town of Rascani after receiving UN Women-supported training. Photo UN Programme ‘Women in Politics’/Ramin Mazur
Une première en Moldavie : Mme Laura Bosnea est l’une des deux femmes roms à avoir été élues au poste de conseillère municipale dans la ville de Rascani après avoir suivi une formation soutenue par ONU Femmes. Photo : UN Programme ‘Women in Politics’/Ramin Mazur

Les femmes roms marquent l’histoire

Au cours des 25 années qui se sont écoulées depuis l’accession à l’indépendance, pas une seule femme rom ne s’est portée candidate à des élections en République de Moldavie, jusqu’au tournant de l’histoire en 2015. Deux femmes roms ont obtenu des sièges lors des élections locales, et un nombre record de sept femmes se sont portées candidates. Mme Laura Bosnea, une jeune femme de 28 ans, fait partie des candidates qui ont été élues. Au départ, lorsqu’elle a décidé de se porter candidate, les dirigeants du parti politique local lui ont conseillé de ne même pas essayer de se présenter, déclarant que les femmes sont faites pour rester à la maison avec leurs enfants ou pour travailler au bazar plutôt que de faire de la politique. Comme s'il ne suffisait pas que la communauté des Roms soient marginalisée, les femmes roms font également face à une discrimination basée sur le genre profondément ancrée.

8

réformes constitutionnelles tenant compte des questions de genre ont eu lieu

32

nouvelles lois ont été adoptées rien qu’en 2015

15

nouveaux comités sur l’égalité des sexes aux parlements ont été créés dans des pays où ONU Femmes mène ses activités

Blanca Arguella, congresswoman from Ecuador, makes a statement at a Parlatino general assembly meeting. Photo Courtesy of Parlatino
Blanca Arguella, membre du parlement de l’Équateur, fait une déclaration lors d’une réunion de l’Assemblée générale de Parlatino. Photo fournie avec l’aimable autorisation de Parlatino

Une région s’engage à instaurer la parité entre les sexes

Le parlement pour l’Amérique latine et les Caraïbes, appelé le PARLATINO, a lancé sa région sur la voie de la « démocratie paritaire ». Après trois années de campagnes de plaidoyer et de prestations de services d’expertes et experts menées par ONU Femmes, en novembre 2015, l’assemblée, représentant 20 pays et trois territoires, a ébauché et approuvé une nouvelle disposition régionale visant à orienter les parlements nationaux en matière d’instauration de l’égalité et de la parité entre les sexes dans les prises de décisions. La résolution définit un nouveau modèle d’État inclusif visant à mettre fin à toutes les formes d’inégalités et d’exclusion. Par exemple, elle demande aux pays d’éliminer les préjugés basés sur le genre dans leur législation, de prévoir des ressources permettant de réduire les disparités entre les sexes et de s’assurer d’une représentation équitable des femmes et des hommes aux parlements ainsi que dans le judiciaire et l’exécutif.

Permettez-moi de souligner le rôle essentiel que remplit ONU Femmes dans la facilitation de l’échange des meilleures pratiques qui pourraient nous aider à tirer des enseignements de nos accomplissements respectifs et à promouvoir collectivement la progression des droits des femmes ».

Déclaration du Brésil, Session annuelle du Conseil d’administration d’ONU Femmes, juin 2015
Around Nigeria’s general elections, the Women’s Situation Room received more than 7,000 calls from the public and election monitors combined, reporting incidents ranging from voting complaints to gender-based violence. Photo: UN Women/Ikechukwu Atta
: Lors des élections générales du Nigeria, la salle de gestion de crise pour les femmes a reçu plus de 7.000 appels du public. Les observatrices électorales ont signalé des incidents allant de plaintes liées aux élections à des cas de violence basée sur le genre. Photo : ONU Femmes/Ikechukwu Atta

Innovation lors des élections

Depuis 2011, ONU Femmes soutient la mise en place de « salles de gestion de crise » pour les femmes en Afrique en collaboration avec divers partenaires, dont le Centre international Angie Brooks. La salle de gestion de crise pour les femmes est une initiative de mobilisation totale des citoyennes et citoyens axée sur le rôle des femmes et des jeunes dans le maintien de la paix et du caractère participatif des élections. En 2015, les 40 jeunes travaillant dans la salle de gestion de crise pour les femmes au Nigeria ont répondu à plus de 2 700 appels du public en deux jours. Par ailleurs, 300 femmes déployées dans 10 États ont signalé près de 5 000 incidents d’émeutes, de violence basée sur le genre et de plaintes liées aux élections. Huit dirigeantes bien connues dans leur pays ont servi de médiatrices en sollicitant l’intervention des dirigeants politiques et du personnel de sécurité. Des fonctionnaires de police et de la commission électorale ont été postés dans la salle de gestion de crise pour les femmes pour résoudre immédiatement une grande partie des problèmes qui se présentent.

Las mujeres de Nariño en la política local

Lucía del Socorro Basante

 

SDG 5: Gender equalityLucía del Socorro Basante, âgée de 60 ans, est une femme de loi, l’unique conseillère municipale à Pasto, dans le département de Nariño, en Colombie. Elle a été élue en octobre 2015, juste après avoir obtenu le diplôme en leadership politique dans une perspective de genre, dont le cursus a été élaboré par ONU Femmes et qui a été remis à 143 personnes, essentiellement des femmes, dans les municipalités de Pasto, d’Ipiales et de Tumaco. Son travail cadre avec l’Objectif de développement durable n° 5, qui vise à garantir la participation pleine et effective des femmes et l’égalité des possibilités de leadership à tous les niveaux de la prise de décision dans la vie politique, économique et publique.

Lucía del Socorro Basante : « J’ai été candidate à l’élection, et j’ai été élue ! Le processus a été un réel succès dans le Nariño, avec sept femmes élues au Conseil municipal. »

« J’avais peur de devenir candidate [dans le département de Nariño, en Colombie], malgré mes nombreuses années d’expérience comme avocate. La peur vous paralyse. La crainte que les conseillers élèvent la voix, la peur de ne pas être à la hauteur et de se trouver dans des endroits réservés aux hommes. Davantage est exigé de nous et notre nombre est réduit, parce que moins d’opportunités se présentent à nous. Vous pouvez sentir le poids du machisme — je le sens !

Le projet d’ONU Femmes nous a donné un aperçu des réalités de la participation des femmes à la vie politique locale, à travers des chiffres et des statistiques, en mettant en lumière les raisons pour lesquelles des femmes ne sont pas présentes à l’Assemblée, pourquoi il n’y en a qu’une seule au Conseil municipal de Pasto et aucune dans un certain nombre de municipalités du département [État], et enfin pourquoi nous n’avons qu’une seule sénatrice et une seule représentante au parlement. Les différentes causes socioéconomiques : la crainte et ce sens enraciné de responsabilité absolue pour le ménage, comme si nous n’avions pas de partenaires. Ce sont toutes des idées préconçues qui peuvent être battues en brèche !

J’ai été candidate à l’élection, et j’ai été élue ! Le processus a été un réel succès dans le Nariño, avec sept femmes élues au Conseil municipal. Nous n’avons pas réussi à en faire élire dans l’Assemblée provinciale, mais nous devons maintenant tenter de nous faire élire au Sénat aussi, pour renforcer les rangs des dirigeantes qui s’y trouvent. Les autorités locales devraient soutenir ce processus dans leurs plans de développement, en prévoyant de la place pour la participation féminine. La loi devrait être changée — c’est la proportion de femmes élues qui devrait être de 30 pour cent, et non pas la proportion des candidats de sexe féminin figurant dans les listes électorales. Autrement, la situation ne changera pas. Les connaissances et la liberté d’expression nous aideront à rompre la tendance chauviniste si puissante dans notre pays. »