Mme Ndyandin Dawara a pris la décision historique de briser une longue tradition dans sa communauté en Gambie. Elle refuse de soumettre sa petite fille à la mutilation génitale féminine, une violation qui peut entraîner des problèmes de santé invalidants et avoir d’autres conséquences à vie. Mme Dawara a pris sa décision après avoir participé à une formation sur l’élimination de la pratique, organisée par GAMCOTRAP, un groupe de défense. Elle fait partie des organisations dans le monde qui transforment la vie de femmes et de filles par le biais du soutien du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Cette formation a appris à Mme Dawara comment d’autres femmes, provenant du même milieu, ont décidé d’abandonner la pratique de la mutilation génitale féminine. Elle lui a donné de l’espoir. « Nous devons nous efforcer de changer les mentalités », a-t-elle déclaré, soulignant que toutes les femmes et les filles devraient pouvoir vivre sans être soumises à cette pratique préjudiciable. Même son mari est maintenant impliqué, décidé à protéger sa propre fille et toutes les autres dans sa communauté. Il a également participé à la formation, et dénonce auprès de la communauté et d’autres hommes les répercussions dramatiques de la mutilation génitale féminine.
À ce jour, GAMCOTRAP a rallié les chefs de villages de 58 communautés en soutien à l’abandon de la pratique de la mutilation génitale féminine. Le groupe a organisé des formations pour les dirigeants communautaires et des ateliers visant à permettre à plus de 300 femmes d’accéder à l’autonomisation afin qu’elles revendiquent leurs droits et ceux de leurs filles. Parmi les jeunes mères, 64 pour cent ont indiqué qu’elles ne soumettraient pas leur fille à cette pratique et, pour la première fois, les dirigeants communautaires discutent des solutions pour protéger les filles et leurs communautés. En 2015, la Gambie a adopté une loi qui criminalise et interdit la mutilation génitale féminine, ce qui représente un jalon majeur, amorcé en partie dans le cadre de la campagne de plaidoyer à long terme que mène GAMCOTRAP.
Ces résultats viennent s’ajouter à une longue série d’accomplissements célébrés en 2016 alors que le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies célèbre son 20e anniversaire. Il s’agit du seul mécanisme international d’octroi de subventions exclusivement dédié à l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles. Administré par ONU Femmes pour le compte du système des Nations Unies, à ce jour, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies a soutenu 426 initiatives dans 136 pays et territoires par le biais de subventions totalisant 116 millions de dollars des États-Unis. En 2015, le Fonds a octroyé 12,86 millions de dollars des États-Unis par le biais de 33 subventions couvrant 29 pays et territoires, qui ont bénéficié à au moins un million de femmes, de filles, d’hommes et de garçons.
S’appuyant sur deux décennies de résultats et d’éléments factuels probants, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies a affiné ses stratégies pour optimiser les impacts et faire face aux défis toujours plus présents. Il souligne l’importance de la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles — souvent au travers d’interventions dans les communautés visant à remettre en cause la discrimination basée sur le genre qui sous-tend la violence. Le Fonds se focalise sur des initiatives qui promettent un changement durable, notamment par leur institutionnalisation dans les programmes nationaux officiels pour prévenir et éliminer la violence.
En 2015, parmi les autres bénéficiaires de subventions figurait The Story Kitchen au Népal, dans le cadre de la mise en œuvre du projet « SAHAS (Courage) for Justice » dans 10 districts. Il permet aux femmes qui ont survécu à des conflits et des actes de violence d’acquérir de nouvelles compétences pour accéder à la justice, y compris en témoignant devant la commission Vérité et réconciliation nationale. Lors d’ateliers, les survivantes partagent leurs expériences et se sentent peu à peu à l’aise pour aborder des problèmes qu’elles avaient longtemps gardés pour elles-mêmes. Comme se souvient l’une des participantes : « J’avais perdu le sourire depuis que j’avais vu 15 personnes se faire tuer sous mes yeux. Après avoir été à cet atelier et avoir rencontré d’autres femmes, j’ai retrouvé le sourire ». Parmi les efforts complémentaires déployés figure l’amélioration de la qualité des reportages dans les médias sur la violence à l’égard des femmes et des filles. De nouvelles directives aident les journalistes à couvrir le sujet dans des situations de conflit d’une manière plus sensible et plus responsable, avec le soutien d’une consultation nationale qui a permis de développer un ensemble de normes plus étendu sur les méthodes de reportage éthique.
Mme Najoti kudakon, une autre bénéficiaire du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies, a offert une bouée de sauvetage aux femmes qui vivent dans les zones rurales du Tadjikistan en améliorant leur accès aux services de protection de base et en contribuant à la mise en vigueur d’une nouvelle législation sur la violence domestique. En dehors du fait qu'elle dirige l’unique abri qui existe pour les victimes de violence domestique dans le pays, Mme Najoti kudakon aide à étendre les réseaux d’assistance par la mise en place de groupes de soutien de femmes dans les régions reculées. Les participantes sont devenues des mobilisatrices communautaires actives qui organisent des événements, et créent et partagent des informations sur la nouvelle loi et sur les droits des femmes. De plus, les groupes sont rapidement devenus des mécanismes d’orientation efficaces pour les victimes de violence, en améliorant leur accès à une variété de services, dont une assistance juridique pour aider à porter les recours devant les tribunaux.